Une certaine psychose s’est emparée des habitants de Kinshasa à la suite des rumeurs faisant état d’une prétendue infiltration des hommes armés présentés comme des étrangers.
Ces rumeurs, liées aux violences ethniques dans le territoire de Kwamouth, dans la province du Mai-Ndombe, ont été démenties par le Commissaire provincial de la Police Nationale Congolaise de Kinshasa, le Commissaire divisionnaire adjoint Sylvano Kasongo. Ce dernier a mis en garde, vendredi 30 septembre, contre toute stigmatisation à l’endroit des personnes à la morphologie rwandaise.
Tout va vite, très vite à Kinshasa. La mégapole capitale de la République Démocratique du Congo a la réputation de véhiculer les rumeurs aussi vite que le vent.
La ville des « on dit » a vu émerger sur les réseaux sociaux des rumeurs faisant état de l’arrestation des présumés fous de nationalité rwandaise avec des armes dans deux quartiers populaires.
Selon la police, ces rumeurs sont infondées. « Nous tenons à vous informer que les réseaux sociaux sont un fléau. Ils induisent beaucoup de nos compatriotes en erreur. Ils désorientent. On ne peut pas arrêter quelqu’un parce qu’il a une morphologie différente de la nôtre. La stigmatisation est une mauvaise chose. Les rwandais ne sont pas tous nos ennemis. Les ennemis rwandais sont connus. Il ne faut pas tomber dans le piège de l’ennemi. Dorénavant, nous mettons en garde toute personne qui va interpeller ou arrêter quelqu’un parce qu’il a une morphologie différente de la nôtre », a annoncé Sylvano Kasongo dans une communication le vendredi 30 septembre 2022.
Il a demandé aux Kinois et Kinoises de ne pas se substituer aux services compétents, tout en les encourageant à dénoncer tout mouvement suspect à qui de droit.
« Les services de police seront sur le terrain. Laissez les services de sécurité, de renseignement, de la police et de l’armée faire leur travail. Si vous avez une dénonciation, allez dénoncer. Ce n’est pas à vous de faire ce travail. C’est une mise en garde sévère », a martelé le numéro un de la police de Kinshasa.
Godé Mpoyi interpelle le gouvernement provincial de Kinshasa
Le même vendredi, la question du conflit entre les peuples Teke et Yaka s’est invitée à l’Assemblée provinciale de Kinshasa.
En effet, dans son discours d’ouverture de la session de septembre, le président de cet organe délibérant, Godé Mpoyi Kadima, a recommandé au gouvernement provincial la vigilance et des stratégies idoines pour prévenir les conséquences directes et indirectes des violences de Kwamouth dans la capitale.
« J’en profite pour condamner avec la dernière énergie les actes barbares perpétrés par les tireurs des ficelles et artisans de ce conflit dans le territoire de Kwamouth dont les conséquences néfastes pourraient impacter sur la sécurité, le social et l’économie de la Ville de Kinshasa. À cet effet, je recommande au Gouverneur de la Ville de Kinshasa et à l’ensemble des membres du comité provincial de sécurité de rester vigilants, de redoubler d’efforts et de stratégies pour que ce conflit ne puisse s’étendre et/ou se ramifier également dans la Ville de Kinshasa », a-t-il déclaré.
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Aux dernières nouvelles, le conflit ethnique entre les Yaka et Teke dans le territoire de Kwamouth a dépassé les frontières de la province du Mai-Ndombe.
Il a atteint la province voisine du Kwilu où des violences ont été enregistrées ces derniers jours.
En tout, des sources crédibles dont les autorités de ces deux provinces évoquent plus de 35 000 personnes déplacées et plus de 150 décès depuis le début du conflit.
A Kinshasa, des points de contrôle ont été érigés dans la commune de la N’sele située à la frontalière avec le Mai-Ndombe.
Robert Djanya
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