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José Mpanda: « Je ne peux pas voler ce que moi-même j’ai initié»

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Quarante huit heures après la spectaculaire cabale dont il a été victime lors du meeting du président Félix Tshisekedi à Mbuji-Mayi, le ministre de l’Agriculture a brisé le silence. Traité de voleur par de personnes manipulées par ses détracteurs, José Mpanda est soulagé à l’idée qu’il a servi de gilet par balles au chef de l’État. Au cours d’une conférence de presse tenue ce jeudi 14 décembre 2023, il a révélé les motivations de ses pourfendeurs, qui en réalité, visent la personne de Félix Tshisekedi.

En meeting de campagne électorale dans le chef-lieu du Kasaï oriental mardi 12 décembre, le candidat Félix Tshisekedi a été désagréablement surpris par des invectives de quelques participants contre le ministre de l’Agriculture, l’accusant selon elles, d’avoir détourné maïs, motos et engrais destinés à cette province.

Le chef de l’État a répondu coup sur coup aux manipulés et au tireur de ficelles, avec tact, franc parler et précision en ces termes :

« Est-ce que ce que vous dites est vrai ? Vous avez parlé, nous sommes en démocratie, nous devons écouter l’accusé. Mais sachez que José Mpanda applique ma politique, ma vision sur l’agriculture ».

Ce jeudi, José Mpanda a pris la parole devant la presse pour livrer sa version. Droit de réponse oblige.

« Je voudrais d'abord réitérer mon attachement personnel au président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui a démontré devant la population que nous avons une certaine particularité pour ce qu'on a fait comme chemin pendant les cinq ans de son premier quinquennat. Vous l'avez suivi avec moi pendant le meeting que moi aussi j'ai préparé », a-t-il dit d'entrée de jeu.

Entrant dans le vif du sujet, le ministre de l’Agriculture a rappelé que cela fait moins de six mois qu’il est à la tête de ce ministère. Qu’à cela ne tienne, il dit avoir présenté au conseil des ministres sa feuille de route pour cette période qui, coïncide avec la pénurie de maïs sur le marché international à cause de la guerre en Ukraine.

« Présentant ma feuille de route au conseil des ministres, j'ai posé les échelons, demandé à ce qu'on prenne de mesures rapides car, c'est anormal qu'on puisse importer le maïs… C'est vrai que la RDC vit dans une insécurité alimentaire et nutritionnelle, les importations sont au-delà de 95%. Toute la RDC ne produit que 5% de céréales. Puisqu'il n'y avait pas de politique agricole. Ma feuille de route a été adoptée par le conseil des ministres pour que le ministère des Finances dispose des moyens pour qu'on le fasse. Et vous savez qu'avec la guerre de l'est, le financement des ministères pose un problème. La feuille de route ayant été adoptée, j'ai posé le problème en expliquant qu'au mois de décembre il y a aura élections… », a-t-il poursuivi.

Des mesures conjoncturelles et structurelles

Me José Mpanda est revenu sur les mesures prises par son ministère pour juguler la pénurie du maïs dans le Grand Kasaï, région qui fait face naturellement à la carence de cette denrée alimentaire aux mois de novembre et décembre de chaque année.

« J'en ai parlé au président, je lui ai expliqué que puisque au mois de décembre nous irons aux élections, sur le plan conjoncturel, que nous puissions prendre le maïs au Katanga pour approvisionner le Kasaï oriental. Et comme la grande saison A est au mois de septembre, j'ai pris de mesures incitatives sur l'ensemble des provinces selon les besoins culturels », a-t-il indiqué.

En même temps, il a réuni à Kinshasa les inspecteurs provinciaux de l’agriculture de toute la République, pour un atelier de vulgarisation de la nouvelle approche du gouvernement dans le secteu.(Lire à ce sujet RDC : José Mpanda engage les ministres et inspecteurs provinciaux de l’agriculture dans l’agenda de transformation agricole du gouvernement).

José Mpanda a remis une couche sur son affirmation faite en janvier 2022, selon laquelle « nous sommes nombreux aux côtés du président Félix Tshisekedi. Nous sommes des voleurs ».
Il a expliqué les contours de cette assertion en faisant remarquer qu’à l’époque, il n’y avait aucun projet de développement réalisé dans le Kasaï, tous les projets initiés par le président Tshisekedi ayant connu de détournements de fonds par ses collaborateurs véreux.

« C'est en accompagnant le président de la République ici au Kasaï que j'ai eu à faire un point de presse au cours duquel j'ai déclaré que nous qui voyons le chef de l'État, on est de voleurs. Aujourd'hui, cela s'est retourné contre moi. Je l'ai dit car, quand nous avons effectué la visite de Ngwadi, DAIPAIN, Tshilejelu…Au début, les fonds alloués à tous ces projets ont été détournés. Et nous sommes parmi ceux qui ont décrié. Et comme nous sommes tous collaborateurs du chef, on ne pouvait pas se soustraire. Les gens de mauvaise foi ont soutiré le contexte de ce que j'avais dit. Je répète et je continue à dire: beaucoup se sont retrouvés en prison parce qu'il y a eu de collaborateurs qui ont détourné de fonds », s'est-il justifié.

Pour revenir à ses réalisations au ministère de l’Agriculture, il a énuméré, outre la mise sur pied de la feuille de route et la vulgarisation de la nouvelle approche de l’agriculture du gouvernement, l’organisation d’une conférence internationale sur l’agriculture, dénommée Agro business DRC et des solutions conjoncturelles et structurelles proposées à la problématique de la crise alimentaire au pays en général et dans le Grand Kasaï en particulier.

Pénurie du maïs à Mbuji-Mayi, le gouvernement provincial seul responsable

Les badauds manipulés pour salir l’image de José Mpanda devant Félix Tshisekedi en l’accusant d’être responsable de la pénurie du maïs à Mbuji-Mayi devraient rapidement retourner à l’école s’ils l’ont fréquentée et chercher un homme d’église pour de séance d’exhorcisation.

Il en est de même de leur manipulateur qui, du haut de ses plus de dix ans passés à la tête de la province, ignore que le secteur de l’agriculture est un secteur décentralisé.

Petite leçon de la décentralisation lui administrée poliment par son ancien collaborateur qu’il combat aujourd’hui :

« L'agriculture fait partie des secteurs dont on a donné aux gouvernements provinciaux la gestion complète. Il est même prévu dans chaque province une politique agricole. Nous au niveau national, nous fixons les principes. Chaque province a sa politique agricole. Les gouverneurs du Kasaï, Kasaï centrale, Kasaï oriental, Lomami et du Sankuru devraient avoir chacun sa politique agricole à l'instar de leurs collègues du Lualaba et du Haut-Katanga. Mais il s'est fait en ce qui concerne le Kasaï oriental, que l'instabilité des gouverneurs a fait qu'il n'y ait aucune politique agricole. Ce n'est pas de la responsabilité du gouvernement central. C'est l'assemblée provinciale qui devait prendre des édits afin que le gouvernement provincial puisse avoir sa politique provinciale agricole. Cela n'engage pas la responsabilité du gouvernement central, ni de Tshisekedi, ni de Sama non plus ».

Quand bien même cette réalité, en tant que député national de Mbuji-Mayi où il a été élu et réélu en 2011 et 2018, José Mpanda a tout de même pris de mesures conjoncturelles, en puisant dans les frais de fonctionnement de son ministère après en avoir discuté avec le président de la République et le premier ministre. ( Pour en savoir plus, lire l’article Social: Le gouvernement déverse au moins 100 tonnes de farine de maïs à Mbuji-Mayi)

Sa justification :

« Même ceux qui ont été gouverneur ici et qui nous combattent aujourd'hui savent que nous avons toujours eu la pénurie de maïs aux mois de novembre et décembre. C'est ainsi que j'ai amené de Kinshasa avec madame la gouverneure un avion de plus de 25 tonnes. Je n'ai fait que six mois comme ministre de l'Agriculture. Jamais par le passé les avions n'ont tourné. J'ai été dans toutes les provinces pour faire la sensibilisation sur l'approche de l'agriculture de Tshisekedi, j'ai même connu un accident dans le Bandundu… Ça veut dire de la fourche à la fourchette ».

Il a en effet, fait acheminer des engrais, semences et motos ont dans toutes les provinces, y compris au Kasaï oriental. Une première depuis de décennies.

Pourquoi alors seulement chez lui dans la province du Kasaï oriental que ça pose problème ? José Mpanda ne se doute pas que ses adversaires étaient dans le laboratoire depuis longtemps.

Il est convaincu que c’est Félix Tshisekedi qui est en réalité visé.

« C'est ainsi que j'ai déplacé les conteneurs qui étaient à Ngwandi devant l'endroit où le chef de l'Etat devait tenir son meeting parce que je savais qu'ils étaient dans leur laboratoire politique pour préparer ce qu'ils ont fait. Ce qu'ils ont fait, je le savais et j'en ai parlé au président de la République. Celui qu'ils combattent c'est le président Tshisekedi. Ils disent qu'ils sont de l'Union sacrée mais il donnent du champ à l'opposition », a dénoncé l'un des rares ministre restés au gouvernement durant tout le premier quinquennat de Félix Tshisekedi.

Et de renchérir que :

« La personne de Mpanda ne peut pas les embêter. Ce n'est pas parce que Tshisekedi m'a gardé pendant cinq ans comme membre du gouvernement, le seul politique du Kasaï oriental, que je dois payer le prix d'être traité de voleur. Non. Ce sont de laboratoires bien préparés par des personnes bien identifiées, dont certaines ont dirigé cette province et même certains de nos collègues députés de 2018 en mal de position politique. Ce n'est pas moi qui ai exigé à Tshisekedi de me prendre comme ministre. C'est un chef, il connaît, il a toutes les informations sur les acteurs politiques. Il prendra celui qu'il voudra pour qu'il puisse l'accompagner ».

Ce, avant de conclure que:

« Pour ceux qui me connaissent, j'ai eu à avoir une petite bonne vie avant d'être ministre. Je ne vois pas comment je peux voler ce que moi-même j'ai initié ».

Fin de la polémique et retour sur la campagne électorale pour le candidat député national numéro 44 et député provincial numéro 66 dans la ville de Mbuji-Mayi et celle du candidat numéro 20 à l’élection présidentielle.

Pami Halele

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