C’est désormais plus que clair : la République démocratique du Congo ne peut plus compter sur le Kenya pour la résolution de la crise sécuritaire dans sa partie est. C’est ce qui ressort de la position officielle du gouvernement kényan à la suite de la création sur son territoire d’une nouvelle coalition politico-militaire dénommée « Alliance Fleuve Congo».
Régissant officiellement à la demande des autorités congolaises de clarifier sa position après création à Nairobi de la coalition « Alliance Fleuve Congo» par l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa et ses nouveaux frères d’armes dont le M23, le président du Kenya a refusé d’inquiéter les rebelles congolais se trouvant sur son sol.
Devant de journalistes kényans, William Ruto a expliqué dimanche, qu’il a fait savoir à son homologue congolais qu’il ne fera rien étant donné selon lui, que Nangaa et ses acolytes ont exprimé leurs opinions et qu’il considère leur déclaration comme faisant partie intégrante du processus électoral.
"Ceux que nous arrêtons, ce sont les criminels. Si une personne commet des actes criminels, alors nous ferons tout notre possible pour nous en occuper. Mais faire des déclarations, ça fait partie de la démocratie. Combien de personnes font des déclarations contre moi au Kenya ? Il y en a tous les jours", a déclaré William Ruto.
Cette déclaration confirme ce que des observateurs avertis disaient depuis longtemps : le Kenya, mieux le chef de l’État Kényan ne joue pas franc jeu dans ses rapports avec la RDC.
En effet, bien avant d’être élu à la tête du Kenya, William Ruto, n’a jamais eu la réputation d’être un partenaire de la RDC. Alors vice-président, il s’était moqué publiquement des congolais en les traitant notamment de « danseurs« . Élu chef de l’État, il a tout de même été félicité par Félix Tshisekedi qui a fait partie des premiers chefs d’État africains à le recevoir.
Ainsi, lors de leur tête-à-tête à à Kinshasa en novembre 2022, Ruto et Tshisekedi avaient réaffirmé leur volonté de consolider la coopération bilatérale dans plusieurs domaines.
Ils avaient insisté sur un renforcement des échanges et partenariats dans les domaines de la défense, de l’agriculture, de l’énergie, des infrastructures, des finances , de l’administration publique et du commerce.
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Son pays étant un acteur clé dans la recherche de la solution à la crise sécuritaire dans l’est de la RDC, le président William Ruto avait pris l’engagement de travailler dans ce sens avec les États de la communauté d’Afrique de l’est(EAC).
Kenyasisation du secteur bancaire congolais
La suite de l’histoire est connue de tous : la force régionale de l’EAC déployée dans l’est du pays a cohabité avec les rebelles du M23, poussant le gouvernement congolais à exiger et obtenu son départ.
Entre temps, le secteur bancaire congolais a vu ces dernières années le Kenya augmenter sa présence avec notamment le rachat de Pro-crédit bank RDC, la BCDC acquises par Equity, une banque à capitaux kenyans et la TMB dont 85% des actions ont été rachetés par Kenya Commercial Bank.
Sur le plan diplomatique, le processus de Nairobi est vivement encouragé par la communauté internationale pour une résolution pacifique de la crise sécuritaire en RDC. Autant dire que Kinshasa a longtemps fait confiance à un ennemi au visage d’un ami.
Kinshasa semble l’avoir compris (tardivement) et a par conséquent rappelé pour consultation ses ambassadeur à Nairobi et auprès de l’EAC.
Heureusement que diplomatie et morale ne font pas bon ménage.
Jean Pérou Kabouira
