C’est la désolation dans le chef des congolais normalement constitués, à la suite de la publication, lundi 16 mai 2022, d’un communiqué de presse à travers lequel, l’Inspecteur Général des Finances, Jules Alingete traite le Sénateur Matata Ponyo d’ « auteur intellectuel » du détournement de plus de 287 millions de dollars américains dans le cadre du projet du Parc Agro Industriel de Bukanga-Lonzo.
Des analystes indépendants et des proches du candidat du parti politique Leadership et Gouvernance pour le Développement(LGD) à l’élection présidentielle de 2023 interprètent ce communiqué comme une preuve intangible d’une manipulation politique contre l’ancien Premier ministre.
Dans ce communiqué, Jules Alingete rappelle que l’IGF a transmis les conclusions auxquelles elle a abouti, « à l’issue de sa mission de contrôle du projet de Parc Agro-industriel de Bukanga-Lonzo, ont fait l’objet d’une transmission à l’Officier du Ministère Public, qui, après enquêtes supplémentaires, avait décidé de prendre en charge ce dossier et de le porter auprès du juge, pour établissement des responsabilités, au vu de la gravité des faits ».
Première contradiction, plutôt que de laisser à la justice le soin et le temps de faire son travail conformément à la Constitution et aux lois du pays, le patron de l’IGF a déjà tiré ses conclusions, en tranchant que Matata Ponyo est « bien l’auteur intellectuel, matériel et principal de cet échec ainsi que des détournements qui ont eu lieu ».
OPJ ou juge ?
Selon un juriste contacté par alternance.cd, à partir du moment où le dossier a été fixé par une instance judiciaire, en l’occurrence la Cour Constitutionnelle, qui rappelle-t-on, s’est déclarée incompétente pour juger un ancien Premier ministre pour les faits supposément commis pendant l’exercice de son mandat, « l’OPJ qu’est l’Inspecteur Général des Finances Jules Alingete ne doit plus émettre un moindre commentaire ».
Deuxième contradiction, l’inspection Générale des Finances dit qu’elle est « désessaisie de ce dossier et ne peut plus communiquer là-dessus », mais se permet quand même, de se prononcer sur le sujet et même de faire des graves affirmations.
« Troisième contradiction, analyse un observateur, mais note bêtement que la mission de contrôle avait été demandée par ce dernier suite aux accusations lancées à son endroit dans l’opinion ainsi que différents milieux politiques ».
En tout cas, pour les proches de Matata Ponyo, cette sortie médiatique est « une preuve éloquente de la politisation du dossier et de l’acharnement contre leur leader, via Jules Alingete ».
Aussi, fait-on remarquer qu’un patrouilleur financier doit travailler comme un flic et qu’à ce titre, il doit en principe fermer sa gueule pour laisser aux responsables des instances judiciaires compétentes la liberté de travailler en toute indépendance.
D’ailleurs, une certaine opinion estime que le flic anti corruption en chef multiplie les déclarations mensongères et tapageuses dans le but de devenir populaire.
« Dans cette quête de popularité, il s’est permis de traiter un ancien Premier ministre d’ « auteur intellectuel et matériel » d’un détournement, jusque-là non confirmé par une instance judiciaire », regrette un journaliste.
De quoi pousser un juriste révolté à se poser la question de savoir « si Jules Alingete avait trouvé de l’argent supposément détourné du projet du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo dans les poches et les comptes bancaires de Matata Ponyo »
ALT.