La Conférence épiscopale nationale du Congo a réagi à la situation sécuritaire préoccupante en République Démocratique du Congo. Dans une déclaration rendue publique le 9 novembre 2022, la CENCO a invité les congolais à prendre, chacun en ce qui le concerne, ses responsabilités, pour sauver le pays de la balkanisation qui la guette.
C’est une déclaration de la plus importance pour les congolais en général et les catholiques en particulier. Elle a été signée par une quarantaine d’évêques et archevêques et est intitulée « L’heure est grave, notre pays est en danger ».
Ses quarante-deux signataires, tous membres de la CENCO, réunis en Assemblée plénière extraordinaire à Kinshasa, du 7 au 9 novembre, se disent préoccupés par la dégradation de la situation sécuritaire de la RDC et mus par leur mission prophétique. Ils tirent la sonnette d’alarme sur le danger qu’encourt le pays et sur la responsabilité qui incombe à tout congolais de le sauver.
S’agissant de la recrudescence de l’insécurité, ils ont rappelé que depuis le 13 juin dernier, certaines localités dans le Nord-Kivu, notamment Bunagana, Rutshuru et Kiwanja, sont de nouveau successivement occupées par les rebelles du M23 « avec, selon les sources fiables, l’appui militaire du Rwanda, voire de l’Ouganda ».
La CENCO constate qu’ « en Ituri comme dans le Nord-Kivu, en dépit de l’état de siège et de plusieurs dispositions prises par les autorités pour sécuriser notre pays, nous constatons que le nombre de morts ne fait qu’augmenter ».
Elle regrette « une attitude hypocrite » de la communauté internationale, qui « révèle une certaine complicité » et encourage le peuple congolais à « renforcer la cohésion nationale pour faire face aux ennemis » du pays.
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La Conférence épiscopale nationale du Congolais a noté aussi un « conflit foncier intercommunautaire de grande ampleur, opposant les Teke et les non Teke majoritairement Yaka qui ont toujours vécu en harmonie » dans les territoires de Kwamouth et de Bagata dans l’Ouest du pays. Elle a relevé également le déguerpissement de plusieurs habitants de leurs villages notamment à Kimpangu, Mbanza-Ngungu, Sona-Bata, dans la province du Kongo Central, la profanation de leurs cimetières et la destruction de leurs habitations par des personnes étrangères qui affirment avoir acheté leurs terres.
Mettre fin à l’impunité
Face à ces situations sécuritaires inquiétantes, la CENCO rappelle aux gouvernants leur responsabilité. « Il est plus que temps que l’Etat assure à tous les citoyens le droit le plus élémentaire à la vie à la sécurité, et au pays son intégrité territoriale », ont déclaré les prélats catholiques dans leur déclaration.
Pour eux, il faut une « justice véritable » pour une solution durable à l’insécurité en RDC. A ce sujet, la CENCO déplore « le fait que des personnes identifiées comme responsables de milliers de morts ne sont jamais interpellées » et évoque à titre illustratif, les personnes citées dans le rapport MAPPING, qui sont encore actives dans l’Est de la RDC et de « faux chefs coutumiers à Kwamouth ».
Les évêques catholiques encouragent les efforts diplomatiques comme solution éventuelle à la tragédie actuelle. « Cependant, nuancent-ils, l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale ne sont pas négociables ».
Aux acteurs politiques de l’opposition, ils demandent de « taire les divergences politiques » et de réunir les efforts pour être plus forts face à l’ennemi.
Aux Forces armées de la République Démocratique du Congo(FARDC), la CENCO exprime sa reconnaissance et celle du peuple et encourage les soldats à un sens élevé de patriotisme, de fidélité et du sacrifice. Ce, ont-ils précisé, « malgré la précarité des conditions sociales dans lesquelles ils se trouvent ».
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Les évêques congolais fustigent, par ailleurs, « la complaisance de la communauté internationale envers les multinationales et les pays prédateurs » des ressources naturelles congolaises.
« Assurément notre pays est en danger. « Aide-toi et le ciel t’aidera », dit-on. Ne croisons pas les bras. En tant que peuple, uni et debout, nous constituons une force. Restons vigilants et mobilisons-nous! Avec les moyens pacifiques, nous sommes capables de faire échec à ceux qui convoitent notre beau et riche pays », ont poursuivi les évêques de la CENCO dans leur déclaration.
Et de conclure en ces termes: « L’heure est grave. Notre pays est en danger. Ne laissons pas balkaniser la R.D.Congo. du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, ainsi que dans la diaspora, mettons-nous tous debout pour sauvegarder l’intégrité territoriale de notre pays. A cet effet, nous invitons les chrétiens et les personnes de bonne volonté à jeûner, à prier, à poser des gestes de solidarité envers les déplacés. Aussi, nous convions tout le monde à marcher pacifiquement le dimanche 04 décembre 2022 ».
Avec Le Journal
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