« Le juge Yanyi est mort principalement à la suite des coups qu’il a reçus, qui ont occasionné un traumatisme crânien ». Ces paroles du vice-premier ministre, ministre de la Justice et garde des sceaux de l’époque, Célestin Tunda, prononcées le 16 juin 2020, avaient confirmé ce que l’on redoutait: le juge Raphaël Yanyi Ovungu, qui présidait les audiences du « procès des 100 jours » impliquant Vital Kamerhe et ses coaccusés, mort dans la nuit du 26 au 27 mai de la même année, n’était pas mort d’une mort naturelle.
Les résultats de deux autopsies ont révélé qu’il avait bel et bien été tué.
Trois ans plus tard, le mystère demeure entier sur l’identité et les mobiles des assassins de celui qui reste jusqu’à ce jour l’unique véritable victime de cette affaire rocambolesque qui s’est soldée par l’acquittement en second degré, du principal accusé, actuellement vice-premier ministre, ministre de l’Economie nationale.
Sa sérénité et sa rigueur contrastaient avec le laxisme et la légèreté que l’on observe dans le chef de beaucoup de magistrats congolais.
Dès la première audience du « procès des 100 jours » fortement médiatisé, le juge Raphaël Yanyi, qui présidait le tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe, s’est attiré l’admiration du public.
A la deuxième audience, tenue le 24 mai, il avait bombardé de questions à Vital Kamerhe, Sammil Jammal et à Jeannot Muhima sur les faits leur reprochés. Ces derniers étaient accusés du détournement de plus de 50 millions de dollars destinés au programme d’urgence des 100 premiers jours du chef de l’Etat Félix Tshisekedi, de blanchiment de capitaux et de corruption.
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Dans la nuit du 26 au 27 mai 2020, il avait fait, d’après le récit fait par la police, des malaises. Conduit au centre hospitalier Nganda, il rendra l’âme quelques instants plus tard.
Agressé à mort malgré la garde permanente de six policiers
Après les rumeurs qui ont couru dans tous les sens, le gouvernement finira par affirmer que le magistrat de 55 ans originaire de la province du Sankuru, a succombé à « une hémorragie intracrânienne résultant d’un traumatisme cranio-encéphalique ».
Le rapport d’autopsie publié par le vice-premier ministre, ministre de la Justice et garde des sceaux de l’époque, Célestin Tunda, indiquait clairement que le juge Raphaël Yanyi avait reçu des coups au crâne, qui « ont provoqué une coagulation du sang au niveau de la tête », qui l’ont conduit à la mort.
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Trois ans plus tard, aucun spécialiste de questions sécuritaires ou congolais Lambda n’a réussi à expliquer comment une personnalité qui était 24 heures sur 24 sous protection de 6 policiers mis à sa disposition depuis le début du procès 100 jours pouvait être agressée à mort sans que ses gardes ou ses collaborateurs ne s’en aperçoivent.
Robert Djanya
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