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RDC: Gare à l’utilisation de l’assassinat de Chérubin Okende comme fonds de commerce politicien

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Depuis l’horrible assassinat de l’ex-ministre des Transports et député national Chérubin Okende, les congolais sont arrosés matin, midi et soir des images de différentes personnalités, politiques et autres, qui se rendent à son domicile pour réconforter sa famille. Ce qui est normal. Seulement, certains en font trop. Au point de donner l’impression de se servir de ce crime non encore élucidé comme un fonds de commerce politique. Ce qui a poussé le gouvernement à appeler les uns et les autres au respect de la mémoire de l’illustre disparu et surtout à la retenue. C’est le sens des réactions du ministre des Finances, Nicolas Kazadi et son collègue de la Communication et médias, Patrick Muyaya, lors du briefing hebdomadaire du mardi 17 juillet 2023.

Qui a commandité et exécuté l’assassinat de Chérubin Okende ? Pour quels mobiles ?-Ces deux questions et de nombreuses trouveront de réponses à l’issue de l’enquête en cours au niveau des parquets et de l’auditorat militaire. Sur instruction du chef de l’Etat Félix Tshisekedi, le gouvernement a mis en contribution tous les services de l’Etat pouvant aider à faire avancer l’enquête. L’expertise belge a elle aussi été sollicitée.

Mais, alors qu’on attend la première communication des enquêteurs, un camp politique bien identifié semble avoir trouvé le coupable, ou du moins donne l’impression d’avoir trouvé le coupable, son coupable… Une attitude interprétée par le ministre des Finances comme un manque de respect à la mémoire de Chérubin Okende.

« Ce qui est en train de se passer est extrêmement douloureux parce que Chérubin Okende nous l’avons côtoyé…Mais ce qui est inacceptable, ce qu’il devienne une marchandise politique. Ça c’est un manque total de respect à sa mémoire et à sa famille. Comme vient de le dire le ministre Patrick Muyaya, la moindre des choses c’est de pouvoir faire preuve de retenue, parce que c’est un temps de recueillement, de deuil. Ce n’est pas le temps de se lancer dans des accusations farfelues politiciennes qui, d’ailleurs souvent, essaient de cacher les véritables responsabilités car, souvent dans nos familles, celui qui pleure le plus, quand on va gratter, « Ye nde ndoki »(c’est lui le sorcier ) », a protesté Nicolas Kazadi.

A qui profite ce crime ?

Le ministre des Finances y voit une tentative d’installer le chaos, qui n’est pas un phénomène nouveau en République démocratique du Congo. « Regardons dans notre histoire, d’où nous venons. Regardons ce qui s’est passé en 2018, pourquoi il y a eu cette divergence à Genève entre ceux qui voulaient le chaos (machine à voter pas machine à voter) et celui qui a dit « si on n’arrive pas à empêcher la machine à voter, on va aux élections ». On le connait, c’est une stratégie du chaos que nous n’avons pas voulu laisser ici. Allons plus loin, en 1996-1997, Conférence nationale, on s’approche des élections, on n’a jamais été aussi proche des élections, cette stratégie du chaos venue du Rwanda, nous savons ce que ça nous a amené. Et ça nous a fait faire quarante ans du désert alors qu’on était à onze jours de la terre promise. Et bien, allons plus loin en 1960: 30 juin indépendance, au mois de juillet, stratégie du chaos. La même histoire sauf que les acteurs de cette stratégie du chaos se déplacent, ils se rapprochent de plus en plus de nous mais c’est exactement la même stratégie. C’est une occasion pour que les congolais se réveillent et qu’ils disent : « ça nous ne voulons plus, nous avons compris, nous ne sommes pas un jouet, un laboratoire… Nous sommes un pays qui a assez souffert de toutes ces ingérences, ces mains noires avec des complicités internes et ça nous avons dit stop, c’est fini » », a expliqué l’argentier national.

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Poussant la réflexion plus loin, Nicola Kazadi a soulevé une question que beaucoup de congolais, quelles que soient leurs obédiences, se posent.

« A qui profiterait ce crime, parce qu’il s’agit bien d’un crime ? » Et au ministre des Finances de poursuivre que « Rien qu’avec cette question, on a une bonne partie de l’éclaircissement ».

Stratégie du chao

Toutefois, se refusant d’aller plus loin, laissant à la justice le soin de mener son enquête, il a martelé sur le fait qu’un tel crime peut avoir un impact sur l’ensemble du pays. « C’est des situations qu’on a déjà connues dans l’histoire de ce pays. Laurent Désiré Kabila n’a pas été tué par l’opposition politique ni par Mobutu, il a été tué par ses compagnons, ceux qui ont cheminé avec lui, dans un but précis. Nous avons déjà connu ça et aujourd’hui nous sommes éveillés, nous sommes murs. Nous ne voulons pas ça pour notre pays. Nous voulons que notre pays progresse et qu’il sorte de cette parenthèse noire qui dure depuis 1997 et trouve sa liberté, qu’il se retrouve lui-même. C’est ça l’enjeu de cette élection, raison pour laquelle beaucoup ne la veulent pas », a affirmé Nicolas Kazadi.

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De son côté, Patrick Muyaya a inscrit l’assassinat du porte-parole de Ensemble pour la République, parti politique de Moise Katumbi, dans « un contexte général où on veut semer le chaos, perturber tout ce qui se prépare, notamment les jeux de la Francophonie et les élections prévues à fin d’année. »

A cet effet, le porte-parole du gouvernement a déclaré ce qui suit : « Nous avons constaté ce que je considère comme un dessein. Je ne voudrais pas citer des noms mais certaines réactions que nous avons vues, qui tendent à désigner les coupables…Nous avons constaté que beaucoup sur les réseaux sociaux deviennent des enquêteurs…Tous ceux qui ont des éléments peuvent se présenter au parquet ou à l’auditorat où les enquêtes sont menées pour présenter ces éléments. Parce qu’aujourd’hui, beaucoup de choses ont été dites mais personne ne peut dire avec exactitude comment les événements se sont passés…Nous voulons aller vers des enquêtes qui nous permettront de faire éclater la vérité pour que soient punis avec la plus grande rigueur ceux qui ont commis ce crime. »

Se mettre à la place de sa famille

Patrick Muyaya condamne l’attitude de personnalités qui veulent tirer des dividendes politiciennes de l’assassinat de Chérubin Okende.

« Il y a ceux qui ne se mettent pas à la place de sa famille, de ses collègues au gouvernement et de ses collègues à l’Assemblée nationale pour pouvoir penser tirer des dividendes politiques d’une situation qui est aussi dramatique. Vous avez vu par exemple que le jour de sa mort, le président de la République a annulé les activités prévues ce jour-là, le premier ministre aussi. On s’est réuni en urgence et au moment où nous vous parlons, il y a une enquête au niveau du parquet, le parquet travaille avec l’auditorat militaire, qui a recueilli les éléments de la police scientifique qui était sur terrain. Tous les services sont mobilisés. Ceux qui doivent nous appuyer, tel que le président de la République l’a dit au dernier conseil des ministres sont déjà saisis pour que nous puissions apporter des réponses. Et de ce point de vue, le parquet pourra faire de communications sur le contenu de l’enquête, tout au moins ce qui peut être communiqué. Ici, c’est d’inviter les uns et les autres à éviter de vouloir faire la récupération politicienne là où il ne faut pas », a déploré le ministre de la Communication et médias.

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Dans la foulée, Patrick Muyaya a recadré ceux qui font des comparaisons entre l’assassinat de Floribert Chebeya et celui de Chérubin Okende, en démontrant que le contexte et les profils de deux victimes sont différents.

« C’est une forme d’indécence de vouloir aller vite dans les comparaisons de situations qui sont tout à fait différentes, dans des contextes tout à fait différents et de deux hommes qui avaient de profils différents », a vociféré le porte-parole du gouvernement.

R. DJANYA

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