Après la publication par la CENI de la liste des 82 candidats députés nationaux et provinciaux dont les suffrages ont été invalidés, un seul nom capitalise toute l’attention : celui de Gentiny Ngobila Mbaka. Non sans raison car, jusqu’à ce jour, les preuves sur base desquelles la Commission électorale nationale indépendante a sanctionné le gouverneur de Kinshasa sont discutables. Du coup, ça se crie à travers tout Kinshasa qu’il est victime du bras de fer qui l’oppose à deux caciques de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). On vous explique pourquoi et comment.
La plupart des candidats sanctionnés par la CENI ont été accusés de fraude électorale. Des vidéos attestant le forfait de certains d’entre eux le jour du scrutin ont circulé sur les réseaux sociaux et auraient été utilisées comme preuves.
Pour Gentiny Ngobila par contre, il n’y aurait eu aucune vidéo ni accusation sérieuse attestation la détention par lui d’un quelconque matériel électoral.
Selon de sources internes, la CENI se serait basée sur un audio d’une femme non autrement identifiée, qui accuse le président de l’Alliance des congolais progressistes (ACP) d’avoir détenu une machine à voter.
Ledit audio aurait été remis à un responsable de la CENI par deux caciques du parti présidentiel dont les patronymes commencent par la même lettre, au cours d’une réunion tenue au Hilton Hôtel, la veille de la publication de la liste des candidats fraudeurs sanctionnés.
C’est à ce stade que l’UDPS est citée, surtout que l’on sait que le gouverneur de Kinshasa ne fait pas partie des cadres de l’Union sacrée appréciés à la 10 ème rue.
La thèse d’un règlement de compte contre le locataire de l’Hôtel de ville de Kinshasa se consolide davantage quand on considère que de candidats dont de vidéos de la fraude ont circulé et circulent encore ne sont pas inquiétés par la CENI.
C’est le cas notamment du gouverneur UDPS du Sankuru, Jules Lodi, dont les images de la fraude électorale dans la circonscription électorale de Lusamboville où il est candidat député provincial envahissent la toile.
On y voit une disposition de vote électronique (DEV) être transportée par une foule en colère après l’avoir arrachée de mains de partisants de Jules Lodi.
Il existe aussi un mémorandum des candidats députés nationaux, provinciaux et conseillers communaux des circonscriptions électorales de Lusamboville et du territoire de Lusambo, adressé au secrétaire exécutif provincial de la CENI/Sankuru à travers lequel ils l’ont accusé d’user de la Police nationale congolaise et de l’armée pour se faire élire jusqu’à faire arrêter dans les conditions inhumaines ses challengers.
C’est l’une des raisons pour lesquelles le vote a eu lieu à Lusamboville et Lusambo dimanche 24 décembre 2023, soit quatre jours après le jour officiel du vote sur l’ensemble du pays.
Réaction d’un cadre de l’ACP:
« Le gouverneur de Kinshasa est victime d’un règlement des comptes de la part de ceux qui, depuis longtemps, n’ont jamais supporté le succès de son parti rouleau compresseur, dont le triomphe attendu aux législatives aurait fait de lui un des hommes clés du régime auprès du chef de l’Etat. Il fallait donc étouffer cette ascension annoncée dans l’œuf et surtout déstabiliser un parti qui était parti pour être la première force politique de la ville de Kinshasa ».
Il espère que le Conseil d’Etat, saisi par les avocats de Ngobila, va «corriger cette injustice » et « prouver que l’Etat de droit prôné par le président Félix Tshisekedi n’est pas sélectif ».
Jean Pérou Kabouira
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